4 histoires de fantôme, très traditionnelles, se partagent ces 3 heures de poésie et de d'audaces visuelles. Kobayashi découvre avec Kwaïdan la couleur, et elle devient pour cet immense réalisateur une source inépuisable d'expérimentations (jusqu'aux ciels remplis d'yeux (très expressionnistes) du sketch dans la neige).
Kwaïdan est une étape dans le film de fantômes japonais, mais il faudra bien se garder d'en attendre un rythme soutenu pour véhiculer la peur. Kwaïdan est lent, très contemplatif... Il déroule ses 4 histoires, loin de l'horreur ou des spectres d'un Ring, autour les liens entre les esprits et les vivants, plutôt que de raconter des "revanches de l'au delà". La poésie est le moteur de Kwaïdan, le Zen et la tradition ses bases culturelles... Kwaïdan prends son temps, dans un silence rituel inquiétant que seul les "flèches musicales" de Takemitsu viendront briser et illustrer.
A l'image de Hara-Kiri ou Rebellion, Kwaïdan s'impose par la pureté de son cinéma et la richesse de son langage, il est en plus expérience d'immersion totale dans le Japon traditionnel historique et culturel. Si ses spectres sont plus oniriques que toniques (pour les spectateurs fâchés avec sa lenteur), la peur qu'ils véhiculent se cache dans l'ingéniosité de Kobayashi à les mettre en image (et en sons !) : ici, la peur est belle et poétique, attirante, mains non moins implacable, voire mortelle.
Alors certes , on peut "s'ennuyer" dans Kwaïdan, mais si ses esprits ne vous effraient pas, sa leçon de cinéma, elle, ne vous laissera pas indifférent : elle est immense !
